À Kiev et Lviv (Ukraine).
Nous roulons à toute vitesse sur les routes désolées et vides du nord de Kiev. Nous ne ralentissons qu’aux checkpoints, aux ponts détruits, à tous les stigmates de la guerre. Cheveux au vent, Oleksii* pousse à fond sa muscle car. Il regarde firmement l’horizon, un soleil couchant sur Kiev. Avant le 24 février, date du début de l’vasion russe, il travaillait dans le milieu du cinéma. Il conduit maintenant pour d’autres.
«Il ya des rumeurs. Et, depuis, les gens ont peurcommence-t-il. En Ukraine nous avons Diia. Une application du gouvernement qui centralise, en format numérique, tous nos documents administratifs. Tous les Ukrainiens l’ont et depuis le début de la guerre, elle a été très utile: beaucoup de refugei, ceux qui ont dû tout abandonner en quelques secondes, ont ainsi pu retrouver l’essentiel [de leurs papiers]. Maintenant, le problème, c’est que cette application géolocalise…»
Oleksii marque une pause, avant de reprendre: «Certains disent que le gouvernement utilisera cette application pour mobiliser massivement, puis pour localiser precisely, immediately, les appelés… Aucune chance d’échaper à la conscription, donc» Cette rumeur reste infondée pour l’instant: le gouvernement ukrainien n’utilise pas Diia pour former ses troupes et la géolocalisation de l’application peut être bloquée depuis les parameters.
La peur de la mobilisation
En revanche, cette rumeur traduit bien une vraie peur en Ukraine: que se durcissent encore plus la mobilisation et toutes les restrictions qui lui sont inhérentes – mobiliser, ce n’est pas seulement imposer un engagement militaire, c’est aussi faciliter une potentielle levée en masse. Depuis le 24 février, la première et la plus dure de ces restrictions est instaurée: toujours, tout homme ukrainien entre 18 et 60 ans ne peut plus quitter le territoire.
Le 5 juillet, l’armée a brutalement anoncé que plus aucun homme ne pourrait quitter sa région de résidence. Le tollé a été tel que, le soir même, Volodymyr Zelensky a dû rétablier la situation –et, par ailleurs, son autorité. La libre circulation en Ukraine est depuis restaurée, à condition de pouvoir justify ses déplacements.
Oleksii relativise: «C’est la façon dont l’armée a announcement cette restriction qui a suscité le scandale. En pratique, rien ne changeait. Nous ne pouvos pas fuir la conscription et, surtout, nous y sommes tous sujets»
De nombreux dysfunctionnements
Alexei* worked in a recruitment center in Lviv, in the west of the country. «Je fais now partie d’un bataillon plus proche du front», précis-t-il. Ce dont Alexei a été témoin du temps où il travaillait au recrutement, c’est principal des dysfunctionnements de la mobilisation: «Avant leurs 18 ans, tous les jeunes hommes ukrainiens doivent aller au center de recrutement. Ils passent des examens médicaux, ils donnent aussi leurs coordinantes… S’ils sont declarées aptes, ils sont mis sur la liste des mobilisables»explain-t-il.
«Cependant, en Ukraine, he ne veut pas mobiliser massivement les trop jeunes, ceux qui ont entre 18 et 27 ans. On vise donc en priority des veterans, des hommes qui sont passé par l’académie militaire ou qui ont juste fait leur service. Puis, ensuite, des hommes volontaires pas trop jeunes donc, mais toujours dans la force de lâge. Le problème, c’est que nos listes de mobilisables ne sont plus valides. Les données no sont plus actualisées: untel peut avoir changé son numéro de téléphone, un autre a peut-être déménagé… Je dirais que 80% des données de la liste des mobilisables nest pas à jour»
La conclusion d’Alexei est amère: «Maintenant, si vous avez une situation urgente, un commandant qui a vite besoin de gars, mais que nous n’avons personne d’adequat selon les criteria que je viens de mentionner… Eh bien he prend des mecs sans expérience, les premiers qu ‘on peut prendre, qu’importe.’
La conscription comme punishment
These failures sont d’autant plus accrues que les vieux démons de l’Ukraine ne veillent jamais trop loin. Sur le plan répressif, la conscription est becomeu une nouvelle punishment: à celui qui ne respecte pas la loi, pluto que la case prison, ou une mende, he imposes now un passage au center de recrutement –qui peut làgèl mobiliser immediately n’importe quel Ukrainien.
Sur le plan de la corruption, la conscription est aussi un terrain fertile. En Moldavia, he parle beaucoup de ces douaniers achetés plusieurs milliers de dollars par des hommes ukrainiens cherchant à fuir le pays. En Ukraine, la corruption prend encore une autre forme. Alexei confirms: «Evidence. Contre des milliers de dollars, un faux certificat médical peut être fait, par exemple… On a beau être en guerre, ça reste l’Ukraine».
Outre ces réels dysfonctionnements, la machine mobilisatrice reste principale mise en branle par la guerre elle-même: les pertes à remplacer sur le front et des lignes longues sur des milliers de kilometers à tenir.
«Bureaucratic brothel»
Yegen*, qui vient de Lviv, était dans la musique. Il a la trentaine et pas la moindre expérience militaire. Pas bien grand, assez maigre… Au vu de son apparence, nul ne le prédestinerait à une carrière dans l’armée. Du jour au lendemain, il a été mobilisé. Il raconte: «Un samedi soir, je dîne avec ma femme. Un militaire sonne à la porte. Avant qu’il ouvre la bouche, je sais pourquoi il est là. Il est poli. Me voilà mobilisé, c’est tout, je n’essaie pas de resquiller. Le militaire me dit que le center de recrutement est ouvert 24/24h, 7/7j, puis il s’en va. Je veux en finir vite, planinier mon futur du mieux que je peux encore: j’y vais dès le lendemain»
Yegen enchaîne ensuite les rendez-vous médicaux et passe d’un center à l’autre. Les défections se multiplier: c’était «le bordel bureaucracy par excellence. La commission s’en fout et ne demande que des papiers qu’on ne nous donne pas… Un jeune militaire m’a même menacé, m’a dit que je terminerai dans une trenchée si je ne suis pas plus motivé que ça ».
Nevertheless, l’armée finit bien par tenter d’incorporer Yegen dans un corps où ses specific aptitudes seront utiles au mieux: «À la fin, deux hommes, polis, normaux, me demandent ce que je fais dans la vie, mes talents… Ils disent de moi que je suis un cerveau, pas du muscle. Je parle anglais aussi, alors peut-être que je pourrais partir m’entraîner à l’étranger. Peut-être, sinon, que je finirai avec de l’artillerie, à utiliser des ordinateurs, des drones… J’ai ten days pour rassembler mes affairs, puis je pars m’entraîner»
Irina*, la femme de Yegen, sums up à sa façon: «Quand le premier militaire est venu nous voir, il est parti en s’excusant: “Désolé d’avoir gâché votre soirée.”»
*Les prénoms ont été changés.