Florence Cassez: «Je ne suis jamais en paix. J’ai toujours la trouille»

Dix ans après ses 2603 jours de prison au Mexique, c’est une rescapée qui peine à trouver sa place dans son propre pays. Nous l’avons rencontre en exclusivité.

Florence Cassez n’a pas vraiment changé. Neither son rire éclatant, franc, nor son regard clair, pétillant et sensible. À bientôt 48 ans, elle dégage une puissante force vitale qui s’ajoute à son élégance naturelle. Sur la plage de Dunkerque où nous la retrouvons un jeudi de juillet, Florence est amicale tout en gardant ses distances : elle a appris à se méfier. Le visage est lumineux, mais le corps, un peu raide, laisse deviner son anxieté. Presque dix ans après sa libération, Florence Cassez se reconstruit encore, toujours. Jamais elle n’aurat imaginé que le retour à la vie serait aussi lent, douloureux, violent. La liberté a un goût étonnamment âpre.

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Le sort de cette jeune Française a basculé le 9 décembre 2005. Ce jour-là, alors àgée de ans et installate au Mexique depuis deux ans, elle est arrêtée avec son ex-petit ami mexicain, Israel Vallarta, dans le ranch de ce dernier, lors d’une spectacular opération de police devant les caméras de télévision. Trois otages, dont un enfant de 11 ans, sont libéré. Florence et Israel sont suspectnés d’être les cerveaux du gang de kidnappeurs les Zodiaques, accusés d’enlèvement, sequestration, délinquance organized et possession d’armes à feu et de munitions à l’usage exclusif des forces armées… Florence crie à la machination politique, clame son innocence. Rien n’y fait. Elle sera condamnade à quatre-vingt-seize ans de prison en première instance, soixante ans en appel. L’affaire Florence Cassez fait grand bruit, bouleversant les relations diplomaticiques entre le Mexique et la France.

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Pendant sept années, Florence, en permanence sur le qui-vive, survit à l’enfer des geôles mexicaines. « La journée, nous racontait-elle en novembre 2009 lorsque nous étions allés lui rendre visite, je m’occupe. J’ai des visites, je vends mes colliers, je peins, je lis, je lave les escaliers du dortoir, je prépare les fiches des films que je program au club DVD. Trois fois per day, il faut aussi se présenter aux gardes: à 8:30, à 14 ou 17 heures, selon les jours de visite, et à 19:30, pour montrer qu’on est présente et surtout vivante. Il ya énormément de violence, beaucoup de drogues: marijuana, herbe, crack…»

Florence Cassez en couverture du numéro 3121 de Paris Match, en mars 2009. Elle vient d'être condamnave en appeal par un tribunal mexicain à soixante ans de prison

Florence Cassez en couverture du numéro 3121 de Paris Match, en mars 2009. Elle vient d’être condamnave en appeal par un tribunal mexicain à soixante ans de prison

© DR

Entre ces murs, Florence vacille mais ne perd jamais espoir, déployant une énergie folle et un courage immense pour se défendre contre les accusations du gouvernement mexicain. Le 23 janvier 2013, son cauchemar prend fin . The Supreme Court of Mexico recognizes in filigree that its dossier is empty, that the evidence is refuting. Ses droits fundamentalements ont été violés, sa libération «immédiate et absolue» est votée. Après 2603 jours passés derrière les barreaux, Florence quitte precipitamment le pays, embarquant dans un avion, direction la France; nous sommes à bord Coupe de champagne à la main, elle trinque avec son père, son avocat, Frank Berton, et l’équipage, avant de s’endormir en chien de fusil, sans même ôter ses chaussures.

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Le réveil est brutal. La trentenaire doit réapprendre « le dehors, ses aggressions et ses possibles», comme le décrit Philippe Besson dans son novel «Un instant d’abandon», qui relate le retour dans son village d’un homme sorti de prison. Florence n’était pas prête à vivre ce destin extraordinaire, mais s’en extirper est encore plus ardu. «Avec le recul, je me rends compte de la violence de cette libération soudaine, nous confie-t-elle aujourd’hui. J’ai tout supporté, tout subi comme un gentil petit soldat. J’étais heureuse d’être libre et, en même temps, j’étais frustrée de ce décalage entre ce que je resentais et la réalité».

Derrière les barreaux de la prison de Santa Marta, durant son procès, en January 2008.

Derrière les barreaux de la prison de Santa Marta, durant son procès, en January 2008.

© R. Schemidt/AFP

On his arrival, the Minister of Foreign Affairs, Laurent Fabius, rolled out the red carpet; mais l’administration française, elle, l’a supprecée de ses registres. La citoyenne n’existe plus. Sa vie s’est figée sept ans plus tôt, alors qu’elle est directrice d’un magasin d’une grande enseigne. Florence Cassez se retrouve sans travail, sans droit au chômage, sans carte bancaire nor carte Vitale; la couverture maladie universelle (CMU) pour seul filet de sécurité. C’est ainsi amputée qu’elle appréhende sa nouvelle existence, les technologies dernier cri, la foule, les regards suspiciousieux, l’espace infini; une vie en accéléré, comme si le temps lui était compté. Quinze jours après son retour, elle emménage à Annecy avec son compagnon, Fausto Avila, un Mexicain réfugié en France depuis une dizaine d’années. Six mois plus tard, elle se marie. En février 2015 naît sa fille, Fleur. «La seule chose que je garderais si je devais tout recommencer», affirme-t-elle avec une evidente sincérité.

La banalité du quotidien écorche Florence à vif. Au début, elle n’arrive même pas à sortir, terrorisée. “Les voitures, le bruit, les rayons d’un magasin où je n’arrivais pas à choisir un dentifrice, comme les menus au restaurant… I’étais affolée”, she remembers. Florence is a demon. À sa sortie, personne ne lui propose un soutien psychologique; alors, noyant son désarroi dans un quotidien au rythme intense, elle écrit deux livres et réalise avec son amie Mélissa Theuriau une série documentaire sur les erreurs judiciaires. Puis elle s’engage comme conseillère en réinsertion au sein d’un organism administratif, tout en élevant Fleur. Mate de peau, regard doux, cheveux noir ébène, « c’est une petite fille très sensible, intelligente, mature, qui s’intères à tout», décrit sa mère. Florence seems to have found a balance. Les années passent, les difficulties la rattrapent. Le vide est pire que tout. En 2016, elle divorce et retourne auprès de ses parents, dans son Nord natal, à Dunkerque, au bord de l’eau. Un temps blond platinum, elle passerait presque inaperçue…

En 2005, lors de l'arrestation qui se révélera être une mise en scène, Florence et son ex-compagnon.  Détenu depuis dix-sept ans, Israel Vallarta n'a toujours pas été jugé.

En 2005, lors de l’arrestation qui se révélera être une mise en scène, Florence et son ex-compagnon. Détenu depuis dix-sept ans, Israel Vallarta n’a toujours pas été jugé.

© Courtesy of Netflix

Aujourd’hui, Florence est mère célibataire. « Je dois subvenir seule à nos besoins. Il ya deux ans, en juin 2020, Fleur a perdu son papa », confie-t-elle sans donner plus de details. Le soutien de sa famille et de ses proches est salutaire; elle écrit tous les jours à une ancienne codétenue colombienne become son amie. La détention, durant laquelle elle s’est battue « comme une lionne », a décuplé sa pugnacité. Mais son passé, ses angoisses hantent ses nuits avec, tapie au fond du cerveau, la peur atroce d’être de nouveau imprisonnée. Florence learns to live with her demons. « Je ne suis jamais en paix, admit-elle. Je ne peux pas quitter ma ville, je suis incapable de voyager. J’ai la trouille. Mais je me bats tous les jours pour aller bien, être positive, surmonter les galères en me répétant que le pire est derrière moi et en gardant en tête ma priority: le bien-être de ma fille, qui a 7 ans et rentre en CE1 . J’y arrive, aidée par des professionnels de santé. J’ai réussi à acheter mon appartement avec un grand jardin. Je m’y sens en sécurité avec Fleur et nos trois chats. C’est mon havre de paix. J’ai encore beaucoup de travail, mais, au moins, je ne ressens plus de colère. J’ai réussi à me détache de l’opinion des gens en cessant de vouloir les convaincre de mon innocence»

Mon seul souci : le bien-être de ma fille, Fleur, 7 ans

Presque dix-sept ans après son arrest, le doute n’est plus permis: les faits dédouanent Florence Cassez de toute responsabilité. Plusieurs enquêtes l’ont demonstrated. À partir du 25 août, la série documentaire « Désignés coupables. L’affaire Florence Cassez», realized by the Mexican Gerardo Naranjo, is diffused on the platform Netflix. Elle résumé le scandale en cinq épisodes. The director skillfully denounces the mise en scène of the fake arrest of Florence Cassez and Israel Vallarta, the torture of the brothers and nephews of the latter – the supposed members of the Zodiac, the gang invented by all the pieces of the Mexican authorities –, the fake témoignages, les incohérences des dixhuit volumes du dossier judiciaire et le soutien sans faille de Nicolas Sarkozy, alors président de la République.

Les bourreaux de Florence Cassez ont, depuis, été écartés du gouvernement. L’ancien superflic Genaro Garcia Luna, à la tête de la police fédérale mexicaine et à l’origine de l’incarcération de la Française, a été arrêté par le FBI à Dallas, au Texas, le 9 décembre 2019. La justice américaine l ‘accuse de corruption et de complicité avec le cartel de la drugo de Sinaloa, directed by «El Chapo». Son procès débutera en octobre quand, au Mexique, Israel Vallarta attend encore son jugement, espérant une libération prochaine. Florence a témoigné dans le documentaire pour avoir son mot à dire. Après cela, elle disparaîtra. «En le regardant, j’ai relativisé le cauchemar de ma propre histoire, car Israel et ses proches ont subi des choses terribles qui m’ont été épargnées », dit-elle, presque mal à l’aise. «Aujourd’hui, ajoute-t-elle, je suis heureuse avec le peu que j’ai: ma fille, mon appartement, la santé. I aspire to a normal environment for Fleur. Faire des gâteaux, être simplement chez nous. Retrouver l’anonymat et – pourquoi pas? – m’engager pour aider les autres»

«Désignés coupables. L’affaire Florence Cassez», de Gerardo Naranjo, un documentaire coproduit par Canana, Atlantique Productions et Élodie Polo Ackermann d’Imagissime (Groupe Mediawan).

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