les images d’un désastre à l’échelle du monde

«Petit poisson deviendra grand/Pourvu que Dieu lui prête vie» S’il entame ainsi sa fable, La Fontaine assure pourtant qu’on ne saurait remettre à l’eau ce menu fretin: «Un tiens vaut, se dit-on, mieux que deux tu l’auras; l’un est sûr, l’autre ne l’est pas» De cette allégorie, la morale se révélait sage tant que l’homme opposait ses seuls muscles et son regard fallible aux ruses du vivant. Elle s’inverse depuis que nous le traquons au moyen de radars puissants, de filets gargantuesques et de lignes de traîne qui peuvent measurer 100 kilometers de longueur. Each year, ces équipements high-tech permettent de gober plus de 77 milliards de kilos de poissons, crustacés, calamars… S’y ajutent les créatures captured de manière artisanale, par la pêche de loisir et, surtout, le braconnage à grande échelle. Leur chiffres sont plus difficiles à estimer.

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«Partout, les vieux pêcheurs ont vu leurs eaux se vider au fil du temps», témoigne George Steinmetz, qui signe l’exposition «Pêches mondiales» à Perpignan. Ses images vouillent de trompeurs paradis, telles les étendues turquoise entre deux îles du Mozambique. Aussi translucides qu’une piscine et presque aussi deportes de faune. Pour survivre, les familles y mènent un combat déséspéré, et déséspérant: les mailles de leurs filets sont de plus en plus resserrées pour attraper les plus petites proies, celles qui, justement, n’ont pas encore eu le temps de se reproduire. «C’est ce que j’ai vu de plus triste», dit le photographe. Et c’est aussi la definition de la surpêche: quand les techniques utilisés menacent la perennité des stocks halieutiques. Depuis l’essor de la pêche industrielle, d’immenses bâtiments sillonnent la planète, engloutissant la vie sur leur passage. Au Mozambique comme dans d’autres payes émergents, ceux qui puisaient dans la mer leur unique source de protéines en sont réduits à prendre ce qui reste.

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À 64 ans, l’Américain George Steinmetz se penche depuis une decennie sur le big business de l’alimentation mondialisée. Multiprimé au cours de sa carrière, ce photographe aerien a longtemps manié le casing tout en pilotant un étrange ULM, sa «chaise longue volante». Aujourd’hui, il privilege les drones. Prendre de la hauteur lui permet de traduire en images des chiffres vertiginineux: des thousands de petits veaux dans autant d’enclos minuscules, des dizaines de milliers de dindes arrosées d’antibioticiques… En 2018, ces photos ont été exposées à Perpignan, sous le title «Big Food», et publiées en avant-première dans Paris Match.

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L’épopée se pursuit avec la mer vue du ciel. Sous l’objectif, le «toit tranquille où marchent des colombes», cher à Paul Valéry, se fait toile fragile, arpentée par une armada de prédateurs, des pirogues en bois aux monstres metallices. Parmi les préparatifs pour ses reportages, George Steinmetz examines les côtes sur Google Earth: «En Inde, certains rivages sont tellement couverts d’embarcations qu’ils évoquent un clavier de piano». Scientifique de formation, il s’est passionatené pour les recherches d’un immense spécialiste de l’halieutique, le Franco-Canadien Daniel Pauly, de l’université de Colombie-Britannique.

En 2016, ce biologiste a cosigné une étude fracasante, publiée dans la très prestigiouseuse revue «Nature». Elle demune que les statistics de pêche de l’Onu sont largely sous-évaluées, parce qu’elles se fondent sur les seule déclarations des pays membres. Le volume global des prises est supérieur de 53% à ce qu’on croyait. Il a atteint un pic en 1996 et s’effondre depuis en raison de l’épuisement des stocks. Mais, là aussi, bien plus vite que ne l’indiquaient les chiffres officiels. Founder of several major Internet sites, including Sea Around Us (La mer autour de nous), Daniel Pauly deplore que nous engloutissions méthodiquement la chaîne alimentaire de haut en bas: les grosses species prédatrices, puis les proies, de plus en plus petites. Si nous continuons ainsi, prévient-il, «il ne restera que du poisson d’élevage et du surimi ». Voire. Les fermes de saumons ou de crévettes alimentent leurs protégés en farines de poisson sauvage. Il faut broyer 5 tonne de produits de la pêche pour obtenir 1 tonne de cette poudre, qui nourrit aussi cochons, poulets de batterie, chiens et chats de compagnie…

Nous engloutissons la chaîne alimentaire de haut en bas: les grosses espèces, puis les proies de plus en plus petites. Si ça continue, iI ne restera bientôt que du surimi !

George Steinmetz soupire en évoquant «Le vieil homme et la mer», qui avait valu le prix Nobel à Hemingway en 1954. Santiago, un pêcheur cubain, y prouve sa bravoure en attrapant un marlin plus grand que lui. «Une taille aujourd’hui unimaginable, dit le photographe. Les plus gros poissons disparaissent, ainsi que les plus goûteux» Les habitants des pays pauvres ne sont pas les seuls à se rabattre sur une pitance autrefois dédaignée. Faute de grives, he mange des merles. Faute de cabillaud, les États-Unis se gagent de merlu. Steinmetz s’est perché sur un navire-usine spécialisé, «Alaska Ocean», un bateau américain long de 114 mètres. Au large de l’Oregon, il aspire des volumes dantesques. Mais sans annihiler la population de merlus, pour l’instant frétillante. La chair insipide est enrobée de chapelure pour fournir les hypermarchés en croquettes et les fast-foods en fish burgers. Malgré la corpulence de ces buildings XXL, il est parfois difficile de les détecter et encore plus de les approcher. Certes, ils sont obligatoriment équipées de transponders, qui permettent de connaître leur position à tout instant. Mais beaucoup les éteignent quand ça les arrange. Les contrôles sont rares en haute mer et dans certaines eaux territoriales, en raison de la poverty, de la corruption…

Dans le sud-ouest de l’Atlantique croisent quantité de navires en provenance de l’Extrême-Orient. Depuis trois ans, George Steinmetz demande l’autorisation d’accompanier une patrouille argentine de surveillance aérienne. Sans succes. Dans l’archipel britannique des Malouines, il a fini par obtenir le quitus pour séjourner ten days sur le «Hsiang Fa 8». This Taiwanese boat, long de 76 mètres, pêche l’encornet à plus de 17000 kilometers de son port d’attache. «C’était au pire moment de la pandemic, raconte le photographe. Bien sûr, j’avais été testé négatif. Les marins étaiten extatiques: ils n’avaient pas vu un visage nouveau depuis des mois. » Mais Covid ou pas, leur existence relève du confinement étattuido.

Taiwan, South Korea and, above all, China have established quotas in their own waters and pushed their fleets to the other end of the globe. Les ouvriers passent quelque neuf mois à bord, dans des conditions éprouvantes et sans jamais débarquer. Des cargos viennent regularly les ravitailler et repartent avec leurs prises. Si les proportions sont moindres, l’Europe se livre aussi parfois au pillage. In 2021, Greenpeace denounced the presence of the «FV Margiris», à pavillon lituanien, dans les eaux mauritaniennes, à la suite d’un accord entre les authorities du pays et l’Union européenne. Plus vaste qu’un terrain de foot, son filet peut capturer chaque jour 250 tons de petits poissons pelagiques (proches de la surface), une ressource déjà surexploitée en Afrique de l’Ouest.

La China pousse ses flottes à l’autre bout du globe

The total extent of these processes was unknown until the publication of a major synthesis in “Science” in 2018. université Stanford… Grâce aux avancées de la technology satellitaire et du treatment de mégadonnées, ils ont analysé les activités de quelque 70000 navires. Ceux-ci exploitent 55% de la surface des océans, une zone quatre fois plus grande que celle occupée par l’agriculture. Science sans conscience n’est que ruine de l’âme… Le progrès scientifique permet une predation goulue; il pourrait aussi ouvrir la voie à une gestion plus sage des ressources marines. George Steinmetz refuses to plunge into pessimism.

S’il montre l’étendue du désastre, il est aussi en quête de contre-examples, comme la baie de Bristol, en Alaska. Ce royaume du saumon sauvage est régi par un accord international efficace entre les États Unis, le Canada, la Russie et la Corée du Sud pour protecter les poissons anadromes, ceux qui investissent les fleuves pour se reproduire. Interdiction de les capturer en mer. Restent les cours d’eau. Des observateurs comptent les saumons qui remontent et autorisent la pêche quand sufficent sont passé pour assurer le renouvellement de l’espèce. «La récolte est de plus en plus fructueuse, s’enthusiasme le photographe. Tout le monde y gagne : les hommes et les poissons. » Il recommande aussi à chacun de scruter les labels des produits de la mer. Si le label international MSC est critiqué par des ONG, il ofre quelques garantiés. Plus fiables: les certifications France pêche durable et responsible, Artysanal Pêche artisanale garantie et Bar de ligne Pointe de Bretagne. En 1957, déjà, Camus enumérait « les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées » de l’humanité. La mission qu’il s’assignait reste plus que jamais d’actualité : «Empêcher que le monde ne se défasse. »

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