Dans la comédie western de Richard Donner diffused ce 25 août sur Arte, Mel Gibson incarne un joueur en quête d’argent pour participer à un tournament de poker, un jeu qui a déjà offert quelques beaux beaux de suspense au cinéma. La preuve en cinq scènes.
Comment gagner au poker? Avoir la meilleure « main » possible, autrement dit réalises la combinaison la plus forte avec cinq cards. Ou faire semblant d’avoir une bonne main (“bluffer”), en faisant monter les enchères afin d’elimirer (“coucher”) tous ses adversaries pour remporter la mise. Ces principes basices donnent un jeu hyper populaire, dont la cinégénie n’est plus à demontrer. Exemple avec cinq scènes marquantes, tous genres et toutes variants de jeu confondus.
Q “Maverick” by Richard Donner (1994)
Tout en détours et digressions, cette comédie western est tendue vers le tournoi de poker final. Un joueur, incarné par Mel Gibson entre deux opus de L’Arme fatale, parcourt le Far West – et ses clichés – à la recherche d’argent pour valider son inscription. Les réjouissances se dérollent, in fine, sur un bateau à vapeur avec roue à aubes. Il s’agit, ici, d’un poker typique des saloons, dit « fermé à cinq cartes » – visible seulement du joueur qui les receipte. Le cinéaste montre ce que le jeu necessaire de sens de l’observation, quand Maverick visualise les tics des adversaires pour deviner leurs bluffs, mais aussi de chance, lors du drawe de la dernière carte, où l’assemblée retient son souffle. Le tout avec un esprit parodique très BD – les tricheurs avec as dans la manche finissent à l’eau –, façon Lucky Luke.
Q “Le Kid de Cincinnati” by Norman Jewison (1965)

Steve McQueen dans « Le Kid de Cincinnati », de Norman Jewison.
MGM/Filmways-Solar
Enter Les Joueurs (John Dahl, 1998) et Le Grand Jeu (Aaron Sorkin, 2017), le genre « pros du poker en action » est tousreis bien fourni. Ce n’était pas le cas au milieu des années 1960, quand Norman Jewison réalise Le Kid de Cincinnati, l’un des premiers films sur le sujet. Steve McQueen affronte Edward G. Robinson lors d’un match de Stud à cinq cards : une variante rare, où chaque joueur possesée une card fermée et quatre cartes ouvertes (visible pour lui et pour les adversaires). Dans ce duel au long cours, les pauses permettent de faire progresser l’intrigue amoureuse. Jusqu’à la dernière main, hypnotique, où le cinéaste fétichise la carte à retourner avec un montage rapide, tout en zooms et gros plans. Pour mieux retrancrire le vertige du perdant.
year “Casino Royale” by Martin Campbell (2006)

Mads Mikkelsen dans « Casino Royale », de Martin Campbell.
MGM/Eon/Danjaq
Avec ses mains surréalistes, cet épisode de la saga James Bond a fait beaucoup pour la démocratisation du poker. Dans un casino du Monténégro, 007 (Daniel Craig, au top) defies Le Chiffre (Mads Mikkelsen), banquier du terrorism dont le saignement d’œil est l’un des signes particuliers. Ils participent à un tournoi de la variante la plus populaire, le Texas hold’em : deux cartes fermées par joueur et jusqu’à cinq cartes communes au center de la table. S’ensuit un match marathon d’une demi-heure à l’écran – audace folle pour un film à si gros budget –, ponctué d’un combat à la machette et d’une auto-défibrillation. En concentrant l’essence de James Bond – élégance et brutalité –, la séquence touche à l’abstraction. Si le réalisateur Martin Campbell a obtenu carte blanche, c’est sans doute grâce au producer Michael G. Wilson, lui-même joueur de poker invétéré et consultant sur le tournage.
Q “Time Out”, d’Andrew Niccol (2011)

Justin Timberlake dans « Time Out », by Andrew Nichol.
20th Century Fox/Regency Enterprises/Strike Ent.
Bien que mineur chez l’auteur de Welcome to Gattaca, ce film de science-fiction reste mémorable pour son pitch fort, qui applique à la lettre la formula « le temps, c’est de l’argent ». Soit une société dystopique, où chaque individu visualise les seconds lui restant à vivre sur un compteur intégré à l’avant-bras – travailler fait gagner du temps, consommer en fait perdre. The concept crystallized during a suffocating scene of poker: the hero (Justin Timberlake), a young man who came from the plus pauvre zone, goes to an establishment de jeux de la plus riche zone. Comme les grosses mises se comptent en siècles, faire tapis revient, ici, à jouer sa vie – métaphore paroxystique des « possessions » pariées par tout joueur de poker. Et le suspense du compte à rebours tourne à plein.
year “Winchester 73”, d’Anthony Mann (1950)

John McIntire et James Stewart dans « Winchester 73 », de Anthony Mann (1950).
Universal International Pictures
Dans ce classique du western, la partie de poker dure moins longtemps que celles de Cinq Cartes à abattre (Henry Hathaway, 1968). Elle est pourtant l’un des rouages essentiels du scenario conceptualuel, où une carabine passe de main en main à travers l’Ouest américain. Ladite partie se joue à l’intérieur d’un hôtel-bar aux tables sales, situé au milieu de nulle part. Un voleur fait face à un marchand d’armes, habitué à commercer avec les Indiens. Roi de l’intox, ce dernier fait une réussite, répétant qu’il n’est pas doué avec les cartes. Puis dépouille son adversaire de (presque) tous ses biens, y compris de la précieuse Winchester – at-il triché? La scène saisit par son intensité, entre les éclats de colère du mauvais joueur et la nervosité du tenancier, doigt sur la gâchette.
À voir
Q Maverick, by Richard Donner (1994). Dimanche 21 août à 20h55 sur Arte. Ou sur Arte.tv.