She-Hulk : Advocate, Wonder Woman, Captain Marvel, Thor : Love and Thunder… Marvel et autres repères de super-héros donnent peut-être plus de visibilité aux super-héroïnes, mais les normes physicales aux elles sont soumises restent problématices.
Depuis que les blockbusters Wonder Woman (2017) et al Captain Marvel (2019) ont prouvé que les super-héroïnes pouvant rapporter aussi gros que leurs homologues masculins, le plafond de verre se brise petit à petit. Les héroïnes de Marvel et DC (les deux principaux QG d’Hollywood) gagnent progressivement en visibilité, et s’élongent des rôles de faire-valoir et des sempiternelles histoires d’amour censées les caractériser.
Elles se détachent également de l’hypersexualisation héritée des comics, avec des tenues plus adequates à la baston ou au climat New-Yorkais, et des poses moins suggestives – et improbables – que Catwoman, Elektra ou Black Widow à ses débuts. Tout n’est pas encore acquis, la preuve dans Thor: Love and Thunder etc Doctor Strange in the Multiverse of Madnessmais de prochains films ou séries comme Batgirl, Black Panther: Wakanda Forever, The Marvels oh Ironheart they should continue de rééquilibrer la balance.
Il reste cependant une digue qui ne semble pas prête de sauter : les personnages féminins peuvent être forts, et même très forts, mais douvent toujours rester beaux, sexy ou, a minima, bien proportionnés. Si les exemples en live action ne manquent pas, le cas plus récent de She-Hulk : Advocate a remis en avant cette double injonction, en s’imposant comme un enorme rendez-vous manqué.
Black Widow or Catwoman?
SOIS BELLE ET BATS-TOI
Tous les super-héros presented à l’écran ne sont pas forcément taillés comme des frigos américains, mais tous ceux qui le sont sont des hommes. C’est une règle : à force égale ou équivalente, un super-héros sera toujours BEAUCOUP plus baraqué qu’une super-héroïnepeu importe que la logice l’exige ou non.
Superman a besoin d’un Henry Cavill or d’un Tyler Hoechlin avec 15 kilos de muscles dans chaque bras pour montrer qu’il est surpuissant. Pareil pour le Thor de Chris Hemsworth or le Captain America de Chris Evans.
Demonstration of force
De l’autre côte, la Wonder Woman de Gal Gadot est tout au plus athlétique, sans plastique herculéenne ou muscles sallants, alors qu’elle aussi une force surhumaine. Di même pour la Supergirl de Melissa Benoist, la Captain Marvel de Brie Larson ou la Valkyrie de Tessa Thompson, qui comptent plus sur leurs poses et leurs froncements de sourcils pour sous-entendre qu’elles sont très fortes.
S’il n’y qu’à voir Jason Momoa et Dwayne Johnson pour comprendre qu’Aquaman et Black Adam plient des arbres en deux, la force physique d’une super-héroïne ne peut jamais se mesurer à son tour de bras ou de mollet. Ce qui fait que les femmes ont globalement le même physique, indifferentemment de leur puissance ou de leur nature (humaines, demi-deesses, extraterrestrials ou autres).
Deux poids, deux mesures
Même si certains héros proven que la puissance n’est pas qu’une question de gros gabarit comme le Doctor Strange de Benedict Cumberbatch, le Flash d’Ezra Miller ou le Loki de Tom Hiddleston, la plupart des personnages masculins sont également soumis à un standard : celui de la démesure musculaire, qui renvoie à un idéal tout aussi irrealiste.
De même, le fait que les costumes rembourrés ou renforcés (pour augmenter la musculature ou la dessiner davantage) soient légion dans le genre est symptomatique de l’importance des gros bras, des gros pecs et des abs dans l’iconographie super-héroïque ; et, par extension, l’imaginaire collectif.
Si les femmes minces dominant le genre, les hommes aux mensurations hors-normes sont donc surreprésentéset élargissent un peu plus le fossé dans les choix de casting (Hollywood débordant d’acteurs bodybuildés, mais pas forcément d’actrices haltérophiles aussi bankables).
“J’ai pas encore été cité dans l’article”
MONSTRES ET COMPAGNIE
Par rapport à d’autres super-héroïnes, Mighty Thor a gagné en muscles, et l’incarnation de Natalie Portman sous proteines et prothèses est rather badass. Mais le fait que le brushing et le maquillage soient inclus dans sa physical transformation rend le tout plus superficiale (ça, et le second degré permanent du film, mais c’est un autre débat).
Ses biceps, ses 15 cm de plus et sa beauté traduisent sa puissance, et au fond, ce n’est pas un drame. Les super-héroïnes et super-vilaines peuvent être belles et sexy sans obligatoriment véhicule de préjugés sexistes et misogynes. Mais le problème, c’est qu’elles n’ont vraisemblamente pas le droit d’être autre chose. Et ça, c’est pluto sexiste.
New look pour une fin de vie
Even the female characters who are not human, and who should not logically be subject to any standard of classic beauty, are concerned: Gamora, Nebula and Mantis of the Guardians of the Galaxy are colored or accessorized to show a little bit of singularity, all in one restant à échelle humaine avec un physique avantageuxsemblable à celui de toutes les autres.
Avengers: Endgame “A-Force/Marvel Women” pic.twitter.com/glxUUcRegG
— ᱬ Scarlet Witch Visuals+ (@Maximoffvisuals) May 24, 2022
Même si les corps des super-héros sont tout aussi codifiés (avec une recherche de virilité), le catalog reste tout de même plus varié en termes de corpulence ou d’apparence. On a ainsi tout un panel de personnages avec des caractéristiques monstrueuses, titanesques ou bestiales : Swamp Thing, King Shark, Weasel et Killer Croc chez DC ; ou Hulk, Thanos, Venom, Le Fauve, Abomination, Groot et La Chose chez Marvel. Ce type de personnages répugnants, anthropomorphes et difformes, qui n’ont pas pour but d’être attractants, est masculin par défaut.
Mais les pendants féminins qui s’en rapprochent le plus, comme Cheetah, She-Venom or She-Hulkgardent des proportions humaines (et très flatteuses, surtout au niveau de la poitrine), malgré la nature de leurs pouvoirs.
She-Venom ou la version sexy de Venom
LE CAS SHE-HULK
Avec She-Hulkpourtant, toutes les étoiles semblaient alignées pour changer la donne : le personnage principal est une héroïne plout connue et populaire, et la série est écrite par une femme, Jessica Gao. Comme pour son cousin, le pouvoir de Jennifer Walters repose en premier lieu sur sa force. Consequently, la représenter avec excessivement de muscles avait du senspeu importe le physique de l’actrice Tatiana Maslany.
La She-Hulk du MCU maîtrise mieux ses emotions que Hulk, notably sa peur et sa colère, et parvient à garder un certain contrôle. Grossièrement, elle serait donc l’équivalent du Professeur Hulk qui est apparu dans le MCU depuis Avengers: Endgame. Cette nouvelle version du héros est un peu moins imposing qu’elle ne l’était aupuravan, mais conserve malgré tout des dimensions totally disproportionnées par rapport à celles de Mark Ruffalo, ou de n’importe quel être humain (sauf peut être Dwayne Johnson ).
Bruce Banner vs Jennifer Walters
Sans être un tank attardé, She-Hulk aurait quand même pu être taillée comme un parpaing et rivaliser avec certains gros héros masculins de l’univers de Marvel. Mais le studio a choisi d’en faire une femme moins hors-norme.
D’après Sean Ruecroft, un spécialiste des effets visuels qui a notably travaillé sur Moon Knight et dans la boîte chargee de la series She-Hulkl’héroïne était apparentement beaucoup plus grande au départ. But the consignee de Marvel aurait été de la faire plus petite. Dans une récentes interview chez Screen Rantla réalisatrice Kat Coiro a confirmed que le but était bien de rendre She-Hulk moins massive :
“C’est une femme moderne qui a des rendez-vous, travaille dans un bureau, voit ses amis et dîne avec sa famille, nous devions donc nous assurer qu’elle ait des proportions humaines. […] Pour ce qui est de la musculature, nous voulions qu’elle ait son propre look rather que d’être une Hulk en version miniature. Nous l’avons conçu sur le modèle d’athlètes olympiques, de Misty Copeland [ndlr : une danseuse classique]et de toutes ces femmes qui ont une puissance incroyable sans être necessairement des culturistes.”
Difficile de ne pas faire de comparison quand les deux personnages sont dans le même cadre
Result à l’écran : une grande femme verte élancée avec la taille fine et un super cul (c’est la bande-annonce qui le dit), soit le même type de personnage féminin qu’on voit depuis toujours, à quelques centimètres près. Et si la volonté d’en faire une She-Hulk aux dimensions plus réalistes a une bonne excuse scénaristique (sans ironie), il est plus difficile d’explicer pourquoi sa transformation lui donne deux bonnets de soutien-gorge en plus, et rend ses cheveux plus longs et lissesaussi parfaits que dans les pubs de shampoo.
Sans avoir besoin de montrer She-Hulk en action, la série aurait très bien pu nous parler de ses dates Tinder, de sa libido, de ses galères d’avocate, de ses soirées entre amies ou de ses problèmes de famille, tout en lui filant un physique à faire pâlir Chris Pratt. La production aurait pu véhicher l’image d’une femme très musclée et sexy (car les deux ne sont pas opposés), ou affirmer qu’une super-héroïne n’a pas à être canon ou à plaire physiquement pour avoir de la valeur.
Sans même avoir besoin d’aller jusque là, il n’y avait vraiment pas d’entre-deux possible?
LA FAUSSE BONNE EXCUSE
Mais le male gaze (la manière dont le corps féminin est représente à travers le regard masculin) est tenace, et s’annonçait dès la première affiche : un plan serré sur la jambe fine de Jennifer, en escarpins et jupe crayon légmentre fendue. A couple of curiosities, at-on déjà vu une affiche promotionnelle ou une couverture sur la cuisse galbée de Hulk, Thor ou Superman?
Au-delà du bon sens, la fidélité envers les comics est un prétexte qui ressort souvent, mais l’hommage au material d’origine n’excuse pas tout. Adapter, c’est aussi trahir, essayer d’ameliorion ou moderniser, encore plus quand les représentations des personnages sont datees (pour ne pas dire dépassées).
D’autant que des versions plus récentes ont bouleversé les codes, comme celle écrite par la scenariste Mariko Tamaki, avec une She-Hulk plus grande et plus massive (un changement explicable par le traumatisme de la mort de Bruce Banner et le fait qu’ elle se sente mal dans sa peau, mais quand même). Quant aux explications pour justifyer l’énorme différence de corpulence, elles sont peut-être nombreuses et tout à fait logiques dans les comics, mais elles n’ont de toute façon pas lieu d’être dans la série, puisque tous ces éléments narratifs n’ont jamais été introduits dans le MCU.
La paire de talons qui doit être en vibranium
Tout ça pour dire qu’une super-héroïne n’est pas forcément ininteréssante si elle n’est pas musclée. De même, une super-héroïne peu ou pas musclée peut très bien être surpuissante, et mettre des patates de gorilla à n’importe quel Captain America. Le problème, c’est le manque de diversité, et le fait que Marvel soit visibly passé à côté de l’occasion d’exploser les norms à coups de poings.
Parce que concrètement, si She-Hulk ne peut pas être exagérément musclée, quelle super-héroïne le sera un jour?
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